S. f. (Mythologie) femme et sœur de Saturne, divinité célèbre du paganisme, sur l'origine de laquelle les poètes ne sont point d'accord ; il y a même des contradictions à son sujet dans les hymnes d'Orphée, car dans l'une il la fait mère du ciel, et dans l'autre le ciel est son père. On croit que Rhéa était dans son principe la reine d'Egypte Isis, qu'on a revêtue dans la suite de plusieurs noms en divers temps et en divers pays, en sorte qu'elle a été transformée en autant de divinités. Strabon fait mention de cette multiplication de noms donnés à la déesse : Et Berecynthes, et omnes Phryges, et qui Idam accolunt Troes, Rheam colunt, eique orgia celebrant. Vocatur ab eis mater deorum, et magna dea ; à locis autem Idaea, Dyndimene, Pessinuntia, Cybele. Mais quelque ancienne que fût Rhéa dans la Phrygie, elle l'était encore davantage en Egypte, où Diodore de Sicîle fait descendre d'elle et de Saturne Jupiter et Junon. La théologie phénicienne de Sanchoniathon qui était plus ancienne, établit que Saturne ayant épousé ses deux sœurs, Astarté et Rhéa, il eut sept filles de la première, et sept fils de la dernière. Voilà donc la source dont les Grecs ont tirés toute la fable de Rhéa ou de Cybele. D'un autre côté Tite-Live vous racontera fort-au-long la tradition du transport de la déesse Rhêa de Pessinunte à Rome. Depuis lors les Romains lui rendirent les mêmes honneurs qu'elle avait en Phrygie, et célebrèrent tous les ans une fête à sa gloire. (D.J.)