S. f. (Mythologie) , déesse, fille de Soter, qui est le dieu conservateur, et mère d'Homonoè et d'Arété, c'est-à-dire de la concorde et de la vertu. Son nom était un composé de deux mots, de , qui veut dire action, et de , jugement ; parce que, dit-on, c'était elle qui avait soin de marquer aux hommes les justes bornes dans lesquelles ils devaient se contenir, soit dans leurs actions, soit dans leurs discours.
Les anciens ne faisaient jamais de statue de cette déesse en entier, mais la représentaient seulement par une tête, pour montrer peut-être que c'est la tête et le bon sens qui déterminent les limites de chaque chose, aussi ne lui sacrifiait-on que les têtes des victimes.
Hésychius dit que Ménélas, au retour de la guerre de Troie, consacra un temple à cette divinité et à ses deux filles, la Concorde et la Vertu, sous le nom de Praxidice.
On remarque que cette déesse avait tous ses temples découverts, pour désigner son origine qu'elle tirait du ciel, comme de l'unique source de la sagesse ; on a aussi donné le nom de Praxidice à Minerve.
On ne saurait douter que l'origine de Praxidice ne soit fort ancienne ; le poète dont nous avons les ouvrages, sous le nom d'Orphée, que les chronologistes placent vers la cinquante-quatrième olympiade, au temps de Pisistrate, nomme les fêtes de Praxidice parmi les différents sujets qui avaient exercé sa muse, avant son entreprise des Argonautiques, ; mais ce passage ne nous apprend que le nom de la déesse, et l'on n'y trouve rien qui établisse sa prétendue ressemblance avec Laverne. Nous ne tirons pas une plus grande lumière d'un autre passage du même auteur, qui dans une hymne à Proserpine, fait de un attribut de Proserpine même ; l'analyse de ce mot composé, et sa réduction aux principes desquels il est tiré, , jugement ou punition des actions, marque seulement la justesse de l'application que le poète en fait à la reine des enfers.
est personnifiée dans Pausanias, et conformément à l'analogie, l'historien en parle comme d'une divinité qui présidait à la vengeance. Ménélas, dit-il, étant de retour chez lui après la prise de Troie, éleva une statue à Thétis et à Praxidice. Ménélas ne pouvait se dispenser de rendre cet hommage à la divinité vengeresse, qui venait de l'aider à tirer raison d'un affront ; mais si elle eut été soupçonnée de protéger le vol, comme on le voit par quelques gloses anciennes qui rendent mal-à-propos le nom de Praxidice par celui de Laverne, Ménélas aurait sans doute laissé à Pâris le soin de l'honorer : le ravisseur d'Hélene qu'elle avait bien servi, pouvait se charger seul de la reconnaissance qui lui était dû. ; et il n'était pas juste que le mari outragé fût encore condamné aux dépens.
Le même Pausanias rapporte ailleurs, que les Aliartiens connaissaient plusieurs déesses Praxidices, qui avaient un temple dans leur pays. Comme il ne nous avertit pas que dans cet autre endroit, il attache une nouvelle idée à la même dénomination ; nous pouvons toujours l'entendre des divinités de la vengeance, qu'il était en effet à propos de multiplier, pour partager entre plusieurs un emploi, auquel une seule ne pouvait pas suffire. Pausanias ajoute que les Aliartiens juraient par ces déesses, et que le serment fait en leur nom était inviolable. Aurait-on eu cette délicatesse, si leur métier eut été de favoriser la tromperie ? D'ailleurs, si Praxidice avait eu quelque chose de commun avec la déesse des voleurs, on ne lui aurait pas donné pour compagnes, la concorde et la vertu, lorsqu'on la représentait, et on ne se serait pas avisé de la peindre sans bras et sans mains. (D.J.)