(Mythologie) nom sous lequel la paresse a été personnifiée par quelques écrivains. On faisait ses statues couvertes de mousse, pour symbole de sa nonchalance ; cependant ce n'était pas toujours par une indolence stérîle que l'on sacrifiait à cette divinité ; les gens sensuels qui la courtisaient davantage, faisaient consister leur inaction dans une certaine tranquillité qu'ils disaient être le fruit de leur expérience et de leurs réflexions. Ils s'élevaient au-dessus des passions trop tumultueuses, et s'appliquaient moins à corriger leurs vices qu'à régler leurs plaisirs. Libres des affaires et des devoirs, ils s'abandonnaient à leur gout, et ne voulaient dépendre que de leur faiblesse, à laquelle ils rapportaient même jusqu'à leurs vertus. Peut-être y a-t-il moins lieu de s'étonner, que l'homme tombe dans ces illusions délicates et qui le flattent dans ses égarements, qu'il n'y a lieu d'être surpris, que, par cette impression si vive que font sur nous les objets présents, il se soit aveuglé jusqu'à mettre les dieux dans le parti de ses passions. Les Romains surnommèrent Vénus murcie, et sous ce nom, ils lui consacrèrent un temple sur le mont Aventin. (D.J.)



MURCIE, LA, (Géographie) petit pays qu'on met au nombre des royaumes d'Espagne. Il est borné par la nouvelle-Castille, la mer Méditerranée, les royaumes de Valence et de Grenade. Il peut avoir environ 25 lieues de longueur, 23 de largeur, et à-peu-près autant de côtes sur la Méditerranée.

La Murcie était anciennement habitée par les Batistants dont parle Ptolomée, par les Bélitains et les Déitains dont Pline fait mention. Les Maures s'en rendirent maîtres en 715, et la possédèrent jusqu'en 1241, que Ferdinand III. du nom, roi de Castille les chassa de cette délicieuse contrée où ils recueillaient la soie avec laquelle ils fabriquaient leurs belles étoffes.

La Murcie est arrosée par la Guadalanteri et par la Ségura, appelée anciennement Terebus, Soraberum et Sorabis.

On y compte quatre villes honorées du titre de cité ; Murcie, capitale, Carthagène, Almacaron, et Lorca.

L'air de ce royaume est très-sain, et le terroir très-fertile. Il rapporte de bons grains, des vins excellents, et des fruits exquis, comme oranges, citrons, limons, figues, dates, raisins, olives, abricots et autres ; des légumes de toutes espèces, du riz, du sucre, du miel, surtout une sorte de jonc qu'on appelle sparto en espagnol, qui est d'un grand usage pour faire des nattes, des cordes, et une espèce de chaussure. Mais les plus grandes richesses de ce royaume consistent en soie admirable, dont la quantité monte à plus de deux cent cinquante mille livres pesant par année, et qui produisent environ un million de profit. On compte que pour entretenir les vers qui procurent cette soie, il faut qu'il y ait dans les campagnes de Murcie plus de 355 mille pieds de muriers. (D.J.)

MURCIE, (Géographie) ville d'Espagne, capitale du royaume du même nom. Quelques auteurs assurent que cette ville est la Murgis des anciens ; mais d'autres prétendent que Murgis était située dans l'endroit où l'on voit aujourd'hui le bourg Muxacra, et que Murcie est l'ancienne Mentaria. D'autres veulent que ce soit la Vergilia des anciens. Quoi qu'il en sait, Murcie a présentement un évêché suffragant de Tolede, sept paroisses, et environ dix mille habitants. Les rues y sont droites et les maisons assez bien bâties. Sa cathédrale a cette singularité, que la montée de son clocher est si douce, qu'on peut aller jusqu'au faite à cheval ou en carrosse. Cette ville est située dans une plaine délicieuse, au bord de la rivière de Ségura, à 8 lieues N. de Carthagène, 10 S. O. d'Alicante, 38 de Valence, 70 S. E. de Madrid. Long. 16. 59. lat. 37. 48. (D.J.)