S. f. (Mythologie) espèce de fable, où communément les hommes seuls sont admis ; car il s'agit ici d'un homme transformé en bête, en arbre, en fleuve, en montagne, en pierre, ou tout ce qu'il vous plaira ; cependant cette règle reçoit plus d'une exception. Dans la métamorphose de Pyrame et de Thisbé, le fruit d'un mûrier est changé de blanc en noir. Dans celle de Coronis et d'Apollon, un corbeau babillard éprouve le même changement.
Les métamorphoses sont fréquentes dans la Mythologie ; il y en a de deux sortes ; les unes apparentes, les autres réelles. La métamorphose des dieux telle que celle de Jupiter en taureau, celle de Minerve en vieille, n'est qu'apparente, parce que ces dieux ne conservaient pas la nouvelle forme qu'ils prenaient ; mais les métamorphoses de Coronis en corneille, d'Arachné en araignée, de Lycaon en loup, étaient réelles, c'est-à-dire que les personnes ainsi changées restaient dans la nouvelle forme de leur transformation ; c'est ce que nous apprend Ovide, lui qui nous a donné le recueil le plus complet et le plus agréable des métamorphoses mythologiques.
Comme la métamorphose est plus bornée que l'apologue dans le choix de ses personnages, elle l'est aussi beaucoup plus dans son utilité ; mais elle a plusieurs agréments qui lui sont propres : elle peut, quand elle veut, s'élever à la sublimité de l'Epopée, et redescendre à la simplicité de l'apologue. Les figures hardies, les descriptions brillantes ne lui sont point du tout étrangères ; elle finit même toujours essentiellement par un tableau fidèle des circonstances d'un changement de nature.
Pour donner à la métamorphose une partie de l'utilité des fables, un de nos modernes pense qu'on pourrait mettre dans tous les changements qu'on feindrait un certain rapport d'équité, c'est-à-dire que la transformation fût toujours ou la récompense de la vertu, ou la punition du crime. Il croit que l'observation de cette règle n'altérerait point les agréments de la métamorphose, et qu'elle lui procurerait l'avantage d'être une fiction instructive. Il est du-moins vrai qu'Ovide l'a quelquefois pratiquée, comme dans sa charmante métamorphose de Philémon et de Baucis, et dans celle du barbare Lycaon, tyran d'Arcadie. (D.J.)