S. m. (Mythologie) monstre fabuleux, qu'on feint avoir été demi-homme et demi-cheval ; on donna ce surnom aux peuples de Thessalie, qui entreprirent les premiers dans la Grèce de monter à cheval, en sorte que leurs voisins crurent d'abord que l'homme et le cheval ne faisaient qu'un même composé.
La fable dit que les centaures s'étant mêlés avec des cavales, engendrèrent les hippocentaures, monstres qui tenaient en même temps de la nature de l'homme et de celle du cheval, mais comme de pareils monstres n'ont jamais existé, il est vraisemblable que lorsqu'on parlait d'un Thessalien, on le nommait hippios ou cavalier ; ces cavaliers dans la suite, pour montrer leur force et leur adresse, s'exercèrent à se battre contre des taureaux qu'ils perçaient de leurs javelots, ou les renversaient en les prenant par les cornes. Pline nous apprend que non-seulement cet exercice était ordinaire aux Thessaliens qui en étaient les inventeurs, mais que Jules Cesar en donna le premier spectacle aux Romains ; il y a donc bien de l'apparence, qu'on ajouta en parlant de ces Thessaliens au nom d'hippios celui de centaures ; et que de ces trois mots , on composa celui d'hippio-centaure, cavalier perce taureau.
Enfin ces cavaliers s'étant rendus redoutables par leurs brigandages, on n'en parla que comme de monstres, et à l'aide de l'équivoque on les nomma des hippocentaures, confondant ainsi le cavalier avec le cheval qui le portait. Les poètes saisirent cette idée ; on sait qu'ils profitaient de tout, pour donner du merveilleux aux sujets dont ils parlaient ; et rien certainement ne ressemblait mieux au monstre, tel qu'ils le dépeignaient, qu'un homme à cheval. Des gens qui faisaient passer les oranges pour des pommes d'or, les bergers déguisés pour des satyres, et les vaisseaux à voîle pour des dragons ailés, ne devaient pas faire difficulté dans le temps que l'usage de monter à cheval était nouveau, de travestir des cavaliers en hippocentaures.
Ce mot est composé de , cheval, , je pique, et , taureau, c'est-à-dire, piqueur de chevaux et de taureaux ; voilà tout le merveilleux simplifié. (D.J.)