S. m. (Mythologie) fils d'Isis et d'Osiris, suivant la plupart des Mythologistes.
C'est une divinité égyptienne dont le symbole particulier qui la distingue de tous les autres dieux d'Egypte, est qu'il tient le second doigt sur la bouche, pour marquer qu'il est le dieu du silence.
On voyait des statues de ce dieu dans quantité de temples et de places publiques ; il nous en reste encore des empreintes par des gravures et des médailles sur lesquelles il est représenté diversement, selon les divers attributs que les peuples lui donnaient.
On offrait à cette divinité les lentilles et les prémices des légumes ; mais le lotus et le pêcher lui étaient particulièrement consacrés.
Sa statue se trouvait à l'entrée de la plupart des temples ; ce qui voulait dire, au sentiment de Plutarque, qu'il fallait honorer les dieux par le silence ; ou, ce qui revient au même, que les hommes en ayant une connaissance imparfaite, ils n'en devaient parler qu'avec respect.
On représentait le plus ordinairement Harpocrate sous la figure d'un jeune homme nud, couronné d'une mitre à l'égyptienne, tenant d'une main une corne d'abondance, de l'autre une fleur de lotus, et portant quelquefois la trousse ou le carquois.
Comme on le prenait pour le Soleil, et peut-être n'est-il pas autre chose, cette corne d'abondance marquait que c'est le soleil qui produit tous les fruits de la terre, et qui vivifie toute la nature ; le carquois dénotait ses rayons, qui sont comme des flèches qu'il décoche de toutes parts. La fleur de lotus est dédiée à cet astre lumineux, parce qu'elle passait pour s'ouvrir à son lever et se fermer à son coucher : le pavot l'accompagne quelquefois, comme un symbole de la fécondité. Mais que signifie la chouette qu'on voit tantôt aux pieds d'Harpocrate, et tantôt placée derrière le dieu ? Cet oiseau étant le type de la nuit, c'est, dit M. Cuper, le soleil qui tourne le dos à la nuit.
Quelques statues représentent Harpocrate vêtu d'une longue robe tombant jusque sur les talons, ayant sur sa tête rayonnante une branche de pêcher garnie de feuilles et de fruits. Comme les feuilles de cet arbre ont la forme d'une langue, et son fruit celle d'un cœur ; les Egyptiens, dit Plutarque, ont voulu signifier par cet emblème le parfait accord qui doit être entre la langue et le cœur. Cette statue mériterait donc une place distinguée dans les palais des rois et des grands.
Les gravures et les médailles d'Harpocrate nous le représentent communément avec les mêmes attributs qu'on lui donne dans les statues antiques, le doigt sur la bouche, la corne d'abondance, le lotus, le pêcher, le panier sur la tête. Quelques-unes de ces médailles portent sur le revers l'empreinte du soleil ou de la lune ; et d'autres ont plusieurs caractères fantastiques des Basilidiens, qui mêlant les mystères de la religion chrétienne avec les superstitions du Paganisme, regardaient ces sortes de médailles comme des espèces de talismants. Voyez à ce sujet les recherches de M. Spon.
Mais on fit surtout chez les anciens quantité de gravures d'Harpocrate, pour des bagues et des cachets. Nos Romains, dit Pline, commencent à porter dans leurs bagues Harpocrate, et autres dieux égyptiens. Leurs cachets avaient l'empreinte d'un Harpocrate avec le doigt sur la bouche, pour apprendre qu'il faut garder fidèlement le secret des lettres ; et l'on ne pouvait trouver d'emblème plus convenable de ce devoir essentiel de la société.
Varron parle succintement d'Harpocrate, de crainte, ajoute-t-il, de violer le silence qu'il recommande : mais M. Cuper n'a pas cru qu'il devait avoir les mêmes scrupules que le plus docte des Romains ; il a au contraire publié le fruit de toutes ses recherches sur cette divinité payenne, et n'a rien laissé à glaner après lui, en mettant au jour son ouvrage intitulé Harpocrates. J'y renvoye les curieux, qui y trouveront une savante mythologie de cette divinité d'Egypte. La première édition est d'Amsterdam en 1676, in -8° et la seconde augmentée de nouvelles découvertes, parut à Utrecht en 1687, in -8°. (D.J.)