S. f. (Mythologie) nymphe de la fable ; les hamadryades étaient des nymphes dont le destin dépendait de certains arbres avec lesquels elles naissaient et mouraient ; ce qui les distingue des dryades, dont la vie n'était point attachée aux arbres. C'étaient principalement avec les chênes que les hamadryades avaient cette union, comme l'indique leur nom, composé de , ensemble, et , un chêne.

Quoique ces nymphes ne pussent survivre à leurs arbres, elles n'en étaient pas cependant absolument inséparables ; puisque, selon Homère, elles allaient par échappées sacrifier à Vénus dans les cavernes avec les satyres ; &, selon Séneque, elles quittaient leurs arbres pour venir entendre le chant d'Orphée. On dit qu'elles témoignèrent quelquefois une extrême reconnaissance à ceux qui les garantirent de la mort ; et que ceux qui n'eurent aucun égard aux humbles prières qu'elles leur firent d'épargner les arbres dont elles dépendaient, en furent sévérement punis : Péribée l'éprouva bien, au rapport d'Apollonius de Rhodes.



Mais il vaut mieux lire la manière dont Ovide dépeint les complaintes et l'infortune de l'hamadryade que l'impie Erysichton fit périr ; elle vivait dans un vieux chêne respectable, qui, dit-il, surpassait autant tous les autres arbres que ceux-ci surpassent l'herbe et les roseaux. A peine Erysichton lui eut-il porté un premier coup de hache, qu'on l'entendit pousser des gémissements, et qu'on en vit couler du sang ; le coup étant redoublé, l'hamadryade éleva fortement sa voix : " Je suis, dit-elle, une nymphe chérie de Cérès ; tu m'arraches la vie, mais j'aurai au moins en mourant la consolation de t'apprendre que je serai bien-tôt vangée " :

Editus e medio sonus est cum robore talis :

Nympha sub hoc ego sum, Cereri gratissima, ligno,

Quae tibi factorum poenas instare tuorum

Vaticinor moriens, nostri solatia lethi.

Métam. lib. VIIIe Ve 763.

Les hamadryades ne doivent donc pas être censées immortelles, puisqu'elles mouraient avec leurs arbres. Je sais bien qu'Hésiode donne à leur vie une durée prodigieuse dans un fragment cité par Plutarque, selon lequel, en prenant la supputation la plus modérée des Mythologistes, la carrière des hamadryades s'étendait jusqu'à 9720 ans ; mais ce calcul fabuleux ne s'accorde guère avec la durée des arbres, de ceux-là même à qui Pline, lib. XVI. c. xliv. donne la plus longue vie.

Cependant il n'a pas été difficîle aux payens d'imaginer l'existence de ces sortes de nymphes ; car ils convenaient des sentiments de vénération et de religion pour les arbres, qu'ils croyaient être fort vieux, et dont la grandeur extraordinaire leur paraissait un signe de longue durée. Il était simple de passer de-là jusqu'à croire que de tels arbres étaient la demeure d'une divinité. Alors on en fit une idole naturelle ; je veux dire, qu'on se persuada que sans le secours des consécrations, qui faisaient descendre dans les statues la divinité à laquelle on les dédiait, une nymphe, une divinité, s'était concentrée dans ces arbres. Le chêne qu'Erysichton coupa était vénéré pour sa grandeur et pour sa vieillesse. On l'ornait comme un lieu sacré ; on y appendait les témoignages du bon succès de sa dévotion, et les monuments d'un vœu exaucé ; Ovide nous apprend tout cela :

Stabat in his ingens annoso robore quercus

Una, nemus : vitae mediam memoresque tabellae

Certaque cingebant, voti argumenta potentis.