(Mythologie) Homère déclare que c'était le plus beau de tous les hommes, et que les dieux le ravirent par cette raison : si l'on en croit les autres poètes, il fut aimé du seul Jupiter, qui en fit son échanson, depuis le mariage d'Hébé avec Hercule. Un jour, disent-ils, que ce charmant phrygien chassait sur le mont Ida, l'aigle de Jupiter ou Jupiter lui-même sous la forme d'un aigle, l'enleva dans l'olympe pour lui servir à boire, et le plaça au nombre des douze signes du Zodiaque, sous le nom de verseau : tel est l'usage des Poètes, dit Cicéron, de transporter aux dieux les passions des hommes, au lieu qu'il serait à souhaiter qu'ils eussent appliqué aux hommes les vertus des dieux.



La fable de Ganymède parait fondée sur un fait historique, mais qui est narré diversement par les anciens. Les uns prétendent que Tros ayant envoyé en Lydie son fils Ganymède avec quelques seigneurs de sa cour, pour offrir des sacrifices dans un temple consacré à Jupiter, Tantale qui était souverain du pays, ignorant les projets du roi de Troie, prit cette troupe pour des espions, arrêta le jeune Ganymède, le retint prisonnier, ou peut-être le fit servir d'échanson à sa table.

D'autres racontent que Ganymède fut enlevé par Tantale, qui en était amoureux ; qu'Ilus marcha contre le ravisseur pour arracher son frère de ses mains ; qu'on en vint à un combat très-vif, où les troupes de Tantale portaient un aigle sur leurs enseignes, et où Ganymède perdit la vie ; son corps que l'on chercha ne s'étant point trouvé, on feignit que Jupiter l'avait enlevé.

Quoi qu'il en sait, la fable de Ganymède brille dans un ancien monument qui s'est conservé jusqu'à nous ; on y voit un aigle avec les ailes déployées, ravissant un beau jeune homme, qui tient de la main droite une pique, symbole du dieu qui l'enleve, et de la main gauche une urne à verser de l'eau, marque de l'office d'un échanson. Aussi le nom de Ganymède désignait tout valet qui donne à boire ; tu getulum Ganymedem respice quùm sities : mais ce même mot désignait principalement un efféminé.

La statue de Ganymède fut transportée de la Grèce à Rome, au temple de la paix ; et Juvénal y a fait allusion : nuper enim, dit-il, repeto fanum Isidis, et Ganymedem hic facis. (D.J.)