S. m. (Mythologie) il est fameux dans la Fable ; c'était le plus fort de tous les hommes, dit Hésiode, Ve 98.
Il avait trois têtes, , et trois corps, à ce que prétend Virgile après Euripide :
.... Et forma tricorporis umbrae.
On ne convient pas trop du lieu où il faisait sa demeure ; selon quelques-uns c'était en Grèce ; selon le plus grand nombre, en Espagne ; selon d'autres auteurs, dans les îles de Majorque, de Minorque, et d'Iviça : mais selon Hésiode, le plus ancien des écrivains qui ait parlé de Géryon, c'était dans l'île d'Enrythie, qu'on appelait aussi l'île de Gadès, aujourd'hui l'île de Cadix.
Quoi qu'il en sait, il avait de nombreux troupeaux gardés par un pâtre appelé Eurythion, et par le chien Orthus, frère de Cerbere, qui par cette raison aura son article dans l'Encyclopédie.
Hercule, pour obéir aux ordres d'Eurysthée, passa dans les états de Géryon, tua le chien, le pâtre, et le maître, et emmena les troupeaux à Tirynthe.
Plusieurs auteurs prétendent que ce qui a donné lieu aux Poètes d'attribuer trois corps et trois têtes à Géryon, vient de ce que ses états étaient composés de trois provinces et de trois îles ; d'autres croient que ces trois têtes étaient trois vaillans amis qui lui étaient également attachés, et qui s'opposèrent à Hercule ; d'autres enfin nous disent que c'est parce que Géryon était l'ainé de deux frères et que tous trois étaient si unis entr'eux, qu'ils semblaient n'avoir qu'une âme, mais qui, malgré leur union, furent tous trois défaits par Hercule.
Si l'on souhaite en savoir davantage sur Géryon, que l'on consulte Hésiode dans sa théogonie, et l'on apprendra que ce roi monstrueux eut pour père Chrysaor, et pour ayeule la tête de Méduse : voici comme ce poète conte la chose. Après que Persée eut coupé la tête de la Gorgone, il fut tout surpris d'en voir éclore un géant armé d'une épée, qu'on appela par cette raison Chrysaor, et un cheval ailé qui fut Pégase. Or dans la suite Chrysaor devint sensible aux charmes de Callirrhoè, fille de l'Océan ; et de cet amour naquit Géryon.
Il résulte de-là que Géryon était petit-fils de la tête de Méduse, fils de Chrysaor, et neveu de Pégase.
Cette généalogie ouvre un beau champ aux conjectures de ceux qui sont persuadés que les anciens poètes ont entendu finesse à tout, et que sous leurs fictions les plus absurdes ils ont caché d'importantes vérités : en tout cas, ils les ont si bien cachées, que les plus habiles mythologues ne les découvriront jamais. Je n'ajoute plus qu'un mot historique.
Il y avait autrefois en Italie près de Padoue un oracle de Géryon, dont parle Suétone dans la vie de Tibere ; cet empereur le consulta en allant en Illyrie, et Cluvier en conclud que Géryon avait aussi un temple dans ce lieu-là, par la raison qu'il n'y avait point d'oracle de quelqu'un sans un temple en son honneur. On peut consulter l'Ital. antiq. de ce savant, lib. II. cap. XVIIIe (D.J.)