S. m. (Mythologie) nom des prêtres de Cybele, qui, en dansant, frappaient comme des furieux à coups redoublés leurs bruyantes cymbales ; ce qui fait dire à Horace, dans sa peinture de la colere :
Non acuta
Sic geminant Corybantes aera,
Tristes ut irae.
Liv. I. ode XVIe Ve 8.
Ces prêtres célèbres dans la Mythologie et dans l'Histoire, ont été ainsi nommés, au rapport de Diodore de Sicile, liv. V. de Corybas fils de Jason et de cette déesse, lequel accompagné de Dardanus son oncle, porta dans la Phrigie le culte de la mère des dieux. Saisis d'une fureur prétendue sacrée, ils dansaient au son des cymbales qu'ils frappaient eux-mêmes en secouant violemment la tête, et communiquaient leur fureur à ceux qui les regardaient. Catulle, dans son poème intitulé Atys, en donne une belle description ; et Strabon, dans son X. livre, fait une digression curieuse sur ce sujet. Ainsi les Grecs employèrent le mot de , corybantiser, pour être transporté de fureur et de phrénésie. Les curieux peuvent encore consulter Noel Lecomte, Mythol. liv. IX. cap. VIIe et Vossius, de idolol. l. II. cap. liij.
Ovide, Catulle, et Festus ajoutent que ces prêtres mêlaient à leurs danses des cris et des hurlements pour pleurer la mort d'Atys, dont ils souffraient volontairement le supplice, afin de satisfaire à la loi que Cybele leur avait prescrite ; que par la même raison ils honoraient le pin près duquel Atys avait été mutilé ; qu'ils couronnaient les branches de cet arbre, et en couvraient le tronc avec de la laine, parce que la déesse avait ainsi couvert le corps de son amant, espérant par ce secours lui redonner la vie qu'il venait de perdre.
Quoiqu'il en sait, les Corybantes après avoir longtemps demeuré en Phrigie sur le mont Ida, vinrent en Crète, et s'établirent sur une montagne à laquelle ils donnèrent le nom de leur ancienne habitation. Ce fut là qu'ils prirent soin de l'enfance de Jupiter. Plusieurs auteurs prétendent que les Corybantes, les Cabires, les Curetes, les Idéens, et les Dactyles, n'étaient que la même sorte de prêtres ; et cette opinion paraitra très-vraisemblable à ceux qui considéreront que Cybele portait plusieurs noms, suivant les divers lieux de son culte, le plus ancien du paganisme.
Ce n'est pas même dans la Phrigie qu'il en faut chercher l'origine ; il passa premièrement avec les autres cérémonies des Egyptiens dans la Syrie et la Phénicie, de-là dans la Phrigie qui est une partie de l'Asie mineure, ensuite dans la Grèce, et enfin en Italie où fut établi le siege de son empire, au point qu'on lavait dans le fleuve Almon le simulacre de Cybele, et que la folie licentieuse de ses fêtes régnait encore singulièrement du temps de l'empereur Commode, au rapport d'Hérodien. Quantum mutata ab illo est tempore Italia ! Ceci est un point de question, et non pas d'admiration. Art. de M(D.J.)