ÉVENTAIL
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- Écrit par : Auteur anonyme
En Orient on se sert de grands éventails de plumes pour se garantir du chaud et des mouches. En Italie et en Espagne, on a de grands éventails carrés, suspendus au milieu des appartements, particulièrement au-dessus des tables à manger, qui, par le mouvement qu'on leur donne et qu'ils conservent longtemps à cause de leur suspension perpendiculaire, rafraichissent l'air en chassant les mouches.
Chez les Grecs on donne un éventail aux diacres dans la cérémonie de leur ordination ; parce que dans l'église grecque, c'est une fonction des diacres que de chasser avec un éventail les mouches qui incommodent le prêtre durant la messe.
Vicquefort, dans sa traduction de l'ambassade de Garcias de Figueroa, appelle éventails certaines cheminées que les Persans pratiquent pour donner de l'air et du vent à leurs appartements, sans quoi les chaleurs ne seraient pas supportables. Voyez -en la description dans cet auteur, pag. 38.
Présentement ce qu'on appelle en France, et presque par toute l'Europe, un éventail, est une peau très-mince, ou un morceau de papier, de taffetas, ou d'autre étoffe légère, taillée en demi-cercle, et montée sur plusieurs petits bâtons et morceaux de diverses matières, comme de bois, d'ivoire, d'écaille de tortue, de baleine, ou de roseau.
Les éventails se font à double ou à simple papier.
Quand le papier est simple, les flèches de la monture se collent du côté le moins orné de peinture ; lorsqu'il est double, on les coud entre les deux papiers, déjà collés ensemble, par le moyen d'une espèce de longue aiguille de laiton, qu'on appelle une sonde. Avant de placer les flèches, ce qu'on appelle monter un éventail, on en plie le papier, en sorte que le pliage s'en fasse alternativement en-dedans et en-dehors.
Ayez pour cet effet une planchette bien unie, faite en demi-cercle, un peu plus grand que le papier d'éventail ; que du centre il en parte vingt rayons égaux, et creusés de la profondeur de demi-ligne ; prenez alors l'éventail, et le posez sur la planchette ; le milieu d'en-bas appliqué sur le centre de la planchette ; fixez-le avec un petit clou ; puis l'arrêtant de manière qu'il ne puisse vaciller, soit avec quelque chose de lourd mis par en-haut sur les bords, soit avec une main ; de l'autre pressez avec un liard ou un jeton le papier, dans toute sa longueur, aux endroits où il correspond aux rayes creusées à la planche : quand ces traces seront faites, déclouez et retournez l'éventail la peinture en-dessus ; marquez les plis tracés, et en pratiquez d'autres entre eux, jusqu'à ce qu'il y en ait le nombre qui vous convient : ce pliage fait, déployez le papier, et ouvrez un peu les deux papiers de l'éventail à l'endroit du centre ; ayez une sonde de cuivre plate, arrondie par le bout, et large d'une ligne ou deux ; tatonnez et coulez cette sonde jusqu'en-haut, entre chaque pli formé où vous avez à placer les brins de bois de l'éventail : cela fait, coupez entièrement la gorge du papier fait en demi-cercle ; puis étalant les brins de votre bois, présentez-en chacun au conduit formé par la sonde entre les deux papiers ; quand ils seront tous distribués, collez le papier de l'éventail sur les deux maîtres brins ; fermez-le ; rognez tout ce qui excède les deux bâtons, et le laissez ainsi fermé jusqu'à ce que ce qui est collé soit sec, après quoi l'éventail se borde.
Les flèches se trouvent prises assez solidement dans chaque pli, qui a environ un demi-pouce de large : ces flèches qu'on nomme assez communément les bâtons de l'éventail, sont toutes réunies par le bout d'en-bas, et enfilées dans une petite broche de métal, que l'on rive des deux côtés : elles sont très-minces, et ont quatre à cinq lignes de largeur jusqu'à l'endroit où elles sont collées au papier ; au-delà, elles ne sont larges au plus que d'une ligne, et presqu'aussi longues que le papier même : les deux flèches des extrémités sont beaucoup plus larges que les deux autres, et sont collées sur le papier qu'elles couvrent entièrement, quand l'éventail est fermé : le nombre des flèches ou brides ne Ve guère au-delà de vingt-deux : les montures des éventails se font par les maîtres Tabletiers, mais ce sont les Eventaillistes qui les plient et qui les montent.
Les éventails médiocres sont ceux dont il se fait la plus grande consommation : on les peint ordinairement sur des fonds argentés avec des feuilles d'argent fin, battu et préparé par les Batteurs d'or : on en fait peu sur des fonds dorés, l'or fin étant trop cher, et le faux trop vilain. Pour appliquer les feuilles d'argent sur le papier, aussi-bien que pour faire des ployés, on se sert de ce que les Eventaillistes appellent simplement la drogue, de la composition de laquelle ils font grand mystère, quoiqu'il semble néanmoins qu'elle ne soit composée que de gomme, de sucre candi et d'un peu de miel, fondus dans de l'eau commune, mêlée d'un peu d'eau-de-vie : on met la drogue avec une petite éponge ; et lorsque les feuilles d'argent sont placées dessus, on les appuie légèrement avec le pressoir, qui n'est qu'une pelote de linge fin remplie de coton : si l'on emploie des feuilles d'or, on les applique de même.
Lorsque la drogue est bien seche, on porte les feuilles aux batteurs, qui sont ou des relieurs ou des papetiers, qui les battent sur la pierre avec le marteau ; ce qui brunit l'or et l'argent, et leur donne autant d'éclat que si le brunissoir y avait passé. Voyez les figures de l'Eventailliste.
ÉVENTAIL, en terme d'Orfèvre en grosserie, est un tissu d'osier en forme d'écran, qu'on met au-devant du visage, et au milieu duquel on a pratiqué une espèce de petite fenêtre, pour pouvoir examiner de près l'état où est la soudure, et le degré de chaleur qui lui est nécessaire.
ÉVENTAIL, (Jardinage, est un rideau de charmille qui couvre, qui masque quelqu'objet. On dit, un arbre en éventail. (K)
ÉVENTAIL, terme d'Emailleur) c'est une petite platine de fer-blanc ou de cuivre, de sept ou huit pouces de diamètre, qui se termine en pointe par en-bas, où elle est emmanchée dans une espèce de queue de bois. Cet éventail empêche l'ouvrier d'être incommodé par le feu de la lampe à laquelle il travaille : il se place entre l'ouvrier et la lampe, dans un trou percé à un pouce ou deux du tuyau de verre, par où le vent du soufflet excite le feu de la lampe. Voyez EMAIL.