S. m. (Marine) c'est le nom que les Chinois donnent à leurs vaisseaux, soit qu'ils soient équipés en guerre ou en marchandises. Ceux dont on se sert plus communément pour le commerce, sont fort légers, et à-peu-près de la grandeur d'un flibot ; la quille est de trois pièces ; celle du milieu est en ligne droite ; mais les deux autres qui sont plus courtes ont à l'arrière et à l'avant un relevement de cinq pieds.

L'avant est plat, formé presque en triangle, dont la pointe la plus aiguë est en bas, et a un peu de quete.



L'arrière est plat aussi et rentré un peu en dedans depuis le bord jusqu'au milieu. De cette manière ce bâtiment n'a ni étrave ni étambord, il n'y a qu'une préceinte posée à la hauteur du premier pont, et qui est ronde par dehors, avec un relevement proportionné à tout le gabarit ; sous cette préceinte le vaisseau est arrondi par le bas, mais au-dessus jusqu'au haut pont, il a les côtés plats. Il a deux ponts qui sont également ouverts dans le milieu, selon la longueur du bâtiment, et ces ouvertures sont entourées de bordages.

A l'arrière, proche du gouvernail, sont quelques marches sur le bas pont pour descendre au fond de cale ; à ce même endroit le vaisseau est ouvert au-dessus de l'arcasse, laquelle est aussi haute que le pont, de sorte que le vent peut entrer par l'arrière.

Le gouvernail est suspendu à cette partie du bâtiment et attaché de chaque côté avec des cordes qui passent au-travers par le bas, et qui sont amarrées au haut par le haut pour aider à gouverner, parce que le gouvernail étant fort grand, la barre ne suffit pas pour le faire jouer dans des gros temps. On ajoute même alors de grosses rames à chaque côté de l'arrière pour gouverner avec plus de facilité.

Le grand mât est plus proche de l'avant que de l'arrière, et panche un peu vers l'arrière. Il y a sur le bas pont un ban ou traversin tout rond, qui par chaque bout est joint avec la préceinte et dans lequel le mât est enchassé et tenu par un cercle de fer ; mais par le bas il n'y a aucune pièce qui l'arrête sur le plafond. Sa forme carrée en cet endroit suffit.

A l'avant est un autre mât un peu plus petit, qui panche en avant. On peut ôter ces mâts et les coucher en arrière. Ils ont des tons fendus en échancrure, dont les deux côtés sont entretenus avec des chevilles et les bouts liés ensemble en haut, c'est-là que s'ente le bâton de pavillon ; de sorte que quand on couche le mât on en peut ôter le ton.

On monte le long du mât par des taquets qui y sont cloués, et on hisse les voiles avec des vindas.

L'ancre est de bois, sa figure ressemble à deux coudes courbés et attachés l'un à l'autre. Sous ses bras qui n'ont point de pattes, il y a une pièce de bois en travers, entée de chaque côté dans la vergue.

Dans le milieu du bâtiment, sous le premier pont, il y a de chaque côté une porte carrée pour entrer dans le vaisseau. On met sur le bas pont quatre pièces de canon, à stribord et à bas-bord, dont deux sont posées sur le tillac même, et deux sont un peu plus élevées ; on y voit aussi de faux sabords, les uns ronds, les autres carrés, peints en dehors avec de la couleur noire. Ce sont les seuls endroits du vaisseau qui soient peints.

Il y a au haut du bordage à l'un et à l'autre bout des balustres qui peuvent s'ôter et se remettre, et au haut contre le bord est une espèce d'échafaud où les matelots montent pour puiser de l'eau dans la mer.

A l'arrière contre le bord en dedans, est à basbord un long épars où l'on hisse un pavillon et même une petite voîle au besoin.

Pour donner une idée de la forme entière d'un jonque, son pont est plus étroit à l'avant qu'à l'arrière, et le bâtiment plus étroit par le haut que par le bas.

Pour conduire ce bâtiment le pilote est assis à l'arrière, et là avec un petit tambour, il marque au timonier de quel côté il doit gouverner.

Cet article est tiré de M. Nicolas Witsen, bourgmestre d'Amsterdam, dont l'ouvrage très-estimé est devenu fort rare, où il dit avoir fait cette description d'après un petit modèle de jonque qu'il a eu entre les mains.