EGUILLETTE ou AIGUILLETTES, (Marine) on donne ce nom à des mâts dont on se sert lorsqu'on carene un vaisseau, pour soutenir et renforcer les mâts de ce vaisseau : ce sont aussi les mâts qui renforcent celui d'une machine à mâter.
On appelle aussi éguillettes, de menues cordes qui servent à divers usages dans le navire.
Eguillettes de voiles, ce sont des bosses (ou cordages) qui servent à tenir la tête des grandes voiles dans les rateaux.
Eguillettes de bonnettes, ce sont les mêmes cordes qui servent à lacer les bonnettes aux voiles. (Z)
EGUILLETTES, (Marine) ce sont des pièces qu'on met sur le serrage, comme les allonges sont dessous, pour renforcer tout vaisseau qui porte beaucoup de canons : elles font une nouvelle liaison entre le bas et le haut du bâtiment, et fortifient les endroits que la quantité de sabords affoiblit, étant pour cet effet posées entre chaque sabord. Voyez MARINE, Planc. VI. fig. 47. la forme d'une éguillette ; et Planche V. figure 1. n°. 30. la manière dont les éguillettes sont placées. (Z)
* EGUILLETTES, terme de Pêche, sorte de poisson appelé ainsi dans la Bretagne, et que l'on nomme ailleurs orphie. Voyez ORPHIE. Voici la manière de faire cette pêche, qui dure depuis le mois de Mars jusqu'au mois de Juin, plus ou moins, suivant l'établissement et l'exposition des côtes que ce poisson vient ranger, comme tous ceux du même genre qui sont en troupes et par bandes. Les pêcheurs se mettent la nuit quatre dans un de leurs bateaux ; l'un est placé à l'avant avec un brandon de paille enflammée dont l'éclat attire les orphies, et les trois autres ont des fouannes ou dards en forme de rateaux, avec une douille de fer où le manche est reçu. Ces instruments ont au moins vingt tiges ou branches barbelées, de six pouces de haut, et fort pressées. La tête du rateau n'a au plus que treize à quatorze pouces de long, avec un manche de la longueur de huit, dix à douze pieds. Quand les pêcheurs voient les orphies ou aiguillettes attroupées, ils lancent leur dard, et en prennent souvent plusieurs d'un seul coup. Comme le bateau dérive doucement, la manœuvre de la pêche n'effarouche point les orphies. Les pêcheurs qui sont les plus heureux, en peuvent prendre jusqu'à douze ou quinze cent dans une seule nuit ; mais il faut qu'elle soit fort obscure, et que le temps soit de calme plat, ainsi que pour toutes les autres pêches qui se font au feu dans l'obscurité de la nuit.
Dans la manœuvre de la pêche de l'orphie avec les filets, les pêcheurs sont pareillement quatre dans un petit bateau, les grands bateaux n'étant point propres pour cette pêche. Le brandon est aussi placé à l'avant. Les filets sont tendus comme dans la pêche du hareng. Chaque pièce peut avoir environ quarante brasses de longueur, et une brasse et demie de chute. Ces rets dérivent comme les seines aux harengs ; ils sont flottés de manière que la tête du rets puisse toujours être à fleur d'eau : le pied cale par le propre poids du filet, ou de celui de la ligne dont il est garni. Les aiguillettes se maillent dans les filets que les pêcheurs de Basse-Normandie nomment orphilières, et dont ils se servent pour faire la pêche du même poisson, excepté qu'ils ne pêchent qu'à la dérive, et non au feu. Il faut toujours un temps calme et obscur pour pêcher avec succès.
Le produit de cette pêche s'emploie principalement à faire des appas ou de la boite pour garnir les hameçons des lignes, le surplus sert à la nourriture du pauvre peuple. Voyez FAVILLON et ORPHIE.
EGUILLETTE, nouer l'éguillette ; il se dit, en termes de Manège, d'un cheval-sauteur qui s'épare et rue entièrement du train de derrière, allongeant les jambes également et de toute leur étendue. Un cheval qui ne noue pas l'éguillette, n'est point propre à faire des caprioles. Voyez CAPRIOLE.
EGUILLETTES, (Corderie) menues cordes terminées en pointe, servant à divers usages.