(Marine) Voyez RAMES et VOILES.

ECHAPPER, Ve neut. (Jardinage) se dit d'un arbre qui pousse avec trop de vigueur ; et comme il serait dangereux de le laisser agir si vivement, un habîle jardinier doit l'arrêter en coupant toutes les branches qui s'échappent trop. Voyez TAILLE. (K)



ECHAPPER UN CHEVAL, LE PARTIR DE LA MAIN, (Manège) expressions synonymes : c'est solliciter et exciter l'animal à une course violente, rapide, et furieuse. Elle doit être plus ou moins longue selon le besoin du cheval ou la volonté du cavalier ; volonté qui suggerée, soit par la nécessité, soit par le gout, doit toujours se concilier avec la nature, l'inclination et la capacité de l'animal que l'on travaille et que l'on exerce.

Il n'est pas douteux que la résolution et la perfection de la course ne soient une des plus belles parties que le cheval puisse avoir : elle en garantit le courage, le nerf, la légèreté, l'obéissance, la franchise naturelle.

Son irrésolution dans cette action nait principalement des défauts opposés aux unes et aux autres de ces qualités. Elle peut donc reconnaître pour causes une timidité qui ne permet pas à l'animal de hasarder ses forces en courant ; la défiance qu'il a de celle de ses membres, en conséquence de quelqu'imperfection accidentelle ou naturelle, un défaut de vue, trop de pesanteur, une paresse qu'il ne peut vaincre, des courses trop fréquemment répétées, des châtiments cruels réitérés et administrés le plus souvent mal-à-propos dans cette même leçon, une faiblesse considérable, quelquefois encore la force de ses reins ou d'une esquine naturellement trop roide et trop retenue, le peu de liberté de ses épaules, de ses hanches, la malice, la fougue, etc.

Un cheval parfaitement mis et exercé, s'échappe non-seulement avec vigueur, sur le champ et au moindre désir du cavalier, mais il conserve son union et son ensemble, il ne s'abandonne point sur la main ou sur les épaules, sa tête est constamment ferme et bien placée.

Quand on veut réfléchir sur la véritable source et sur la différence des actions et des mouvements dont cet animal est capable, on en découvre bien-tôt l'enchainement et la dépendance. Le trot dérive du pas pressé, comme du pas écouté et soutenu ; du trot déterminé et délié, comme du trot uni dérive encore le galop, et du galop dérive la course de vitesse.

Ces deux dernières allures ne sont autre chose qu'un saut en-avant. Quoique le nombre des foulées qui frappent nos oreilles, et la succession harmonique des jambes ne soient pas exactement les mêmes dans l'une et dans l'autre, ainsi que je l'ai démontré géométriquement dans un mémoire envoyé à l'académie royale des Sciences (voyez MANEGE), il n'en est pas moins certain qu'elles ne sont effectuées que par l'élancement total de la machine entière en-avant, et cet élancement est encore plus apparent et plus visible dans le cheval échappé.

Si le galop est le fondement de la course, il s'ensuit qu'on ne doit entreprendre de partir de la main aucun cheval, qu'on ne l'ait longtemps exercé à la leçon qui est la base de celle dont il s'agit : or nous ne pouvons le conduire au galop, qu'autant que le trot vivement battu et diligemment relevé, lui en aura facilité l'exécution ; qu'autant que ses membres commenceront à être souples et libres ; qu'autant, en un mot, qu'il aura acquis une union au-dessus de la médiocre, et qu'il ne pesera ni ne tirera à la main : d'où l'on doit conclure que les maîtres qui se flattent de déterminer, de résoudre, de dénouer des poulains en les échappant, tombent dans l'erreur la plus grossière ; puisque d'un côté ils omettent la condition indispensable de la gradation des leçons indiquée par la gradation même ; c'est-à-dire par l'ordre et la dépendance naturelle des mouvements possibles à l'animal ; et que de l'autre ils ne tendent qu'à mettre ces poulains sur les épaules, à les éloigner de tout ensemble, à les énerver, à en forcer l'haleine, à donner atteinte à leurs reins encore faibles, à les appesantir, à leur offenser la bouche, et à leur suggérer souvent une multitude infinie de défenses.

Non-seulement la leçon du galop doit précéder celle du partir de la main, mais on ne doit dans les commencements échapper le cheval que du galop même : la raison en est simple. Toute action qui demande de la vitesse, ne peut être operée que par la véhemence avec laquelle le derrière chasse le devant au moyen des flexions et des détentes successives des parties dont il est formé ; or le galop étant la plus prompte de toutes les allures, et ces flexions ainsi que ces détentes nécessaires étant la source de son plus de célérité, il est constant que l'animal qui galope, est plus disposé au partir de la main que dans toute autre marche. Je dis plus ; la course n'est à proprement parler, qu'un train de galop augmenté. Prenez en effet insensiblement cette dernière action, elle acquerra infailliblement des degrés de vélocité, et ces degrés de vélocité auxquels vous parviendrez insensiblement, vous donneront précisément ce que nous nommons véritablement échappées, course de vitesse. Par cette voie vous ne serez point obligé de châtier l'animal, d'employer les éperons, qui très-souvent le gendarment, de vous servir de la gaule, de crier, d'user de votre voix pour le hâter, selon la manière ridicule de nombre d'écuyers étrangers : le temps, la pratique de la course détermineront votre cheval à cette diligence et à cette résolution qu'elle exige ; vous gagnerez son consentement, vous lui suggérerez le pouvoir d'obéir, vous lui donnerez une haleine suffisante, et vous n'accablerez pas indiscrettement son naturel et sa force.

Les moyens d'accélerer ainsi l'action du galop, ne sont pas de rendre toute la main et d'approcher vivement les jambes ; ce serait abandonner le cheval et le précipiter sur son devant. Le cavalier doit donc, son corps étant toujours en-arrière, diminuer peu-à-peu la fermeté de l'appui, et accompagner au même instant cette aide de celles des jambes. Celles-ci, qui consistent ou dans l'action de peser sur les étriers, ou d'approcher les gras de jambes, ou de pincer, seront appliquées relativement à la sensibilité de l'animal, que l'on châtiera prudemment et avec oeconomie, lorsqu'elles ne suffiront pas, mais elles ne seront fournies qu'en raison de la diminution de l'appui, c'est-à-dire qu'elles n'augmenteront de force qu'à mesure du plus ou moins de longueur des rênes. Dès que ce contrebalancement ou cet accord de la main et des jambes n'est pas exactement observé, le partir de la main est toujours imparfait. La fermeté de la main l'emporte-t-elle ? le devant est trop retenu, et le derrière trop assujetti. L'un se trouve à chaque temps dans un degré d'élevation qui le prive de la faculté de s'étendre et d'embrasser librement le terrain, et l'autre dans une contrainte si grande, que les ressorts des reins et des jarrets, uniquement occupés du poids et du soutien des parties antérieures, ne sauraient se développer dans le sens propre à les porter ou à les pousser en-avant. La force des jambes au contraire est-elle supérieure ? ni le devant ni le derrière ne sont assez captivés ; d'un côté, le devant n'étant nullement soutenu, ne quitte terre que par sa propre percussion, et seulement pour fuir plutôt que pour obéir à l'effort de l'arriere-main, qu'il n'essuie point sans danger : de l'autre part, ce même arriere-main continuellement obligé à cet effort par les jambes, qui ne cessent de l'y déterminer, et ne rencontrant dans le devant ou dans la main aucun point de soutien capable de réagir sur les parties, est malgré lui dans un état d'extension, et par conséquent hors de cette union et de cet ensemble qui doivent en maintenir la vigueur et l'activité ; le cavalier invite donc alors simplement l'animal à ce mouvement rapide, mais il l'abandonne et le prive par ce défaut, d'harmonie dans les parties qui doivent aider de tous les secours qui tendraient à lui rendre cette action moins difficile.

L'habitude de cette accélération étant acquise, on ne court aucun risque de l'exciter à la course la plus furieuse, en passant toujours par les intervalles qui séparent le galop et cette même course. Lorsqu'il y sera parfaitement confirmé, et qu'il fournira ainsi cette carrière avec aisance, on entreprendra de l'échapper tout d'un coup sans égard à ces mêmes intervalles, et pour cet effet les aides toujours dans une exacte proportion entr'elles seront plus fortes, plus promptes, sans néanmoins être dures, et sans qu'elles puissent encore en surprenant l'animal desordonner le partir.

Ce n'est que par l'obéissance du cheval et par la facilité de son exécution, que nous pouvons juger sainement de sa science et de ses progrès. Ce n'est aussi qu'en consultant ces deux points, que nous distinguerons le vrai temps de lui suggérer des actions qui lui couteront davantage, et qui même le rebuteraient si nous n'en surmontions, pour ainsi dire, nous-mêmes toutes les difficultés, en l'y préparant et en l'y disposant dans la chaîne des leçons qu'il reçoit de nous.

Le cheval obéissant au partir, doit être également soumis à l'arrêt. Outre que le partir, qui lui est devenu facile, est un mouvement plus naturel, il l'offense moins que le parer, dans lequel, surtout après une course violente, ses reins, ses jarrets, et sa bouche sont en proie à des impressions souvent douloureuses : on doit donc user des mêmes précautions pour l'y amener insensiblement. La vitesse de la course sera pour cet effet peu-à-peu ralentie, et l'on suivra dans ce rallentissement ou dans cette dégénération, les mêmes degrés qui en marquaient l'augmentation, lorsqu'il s'agissait d'y résoudre entièrement l'animal. Je m'explique, de la course la plus véhémente venez à une action moins rapide ; de cette action moins rapide, passez à un mouvement encore moins prompt ; rentrez, en un mot, dans celui qui constitue le galop, et formez votre arrêt. En parcourant de cette manière les espaces dont nous avons parlé, et en remontant ensuite successivement, et avec le temps, à ceux qui sont les plus voisins de l'action furieuse, vous accoutumerez enfin le cheval à parer nettement, librement, et sans aucun danger dans cette même action.

Lorsque du galop étendu ainsi que du galop raccourci il s'échappe sans peine et avec vigueur, on peut essayer de le partir sur le champ du trot déterminé et du trot uni. Si son obéissance est entière, on tentera de l'échapper du pas allongé, du pas d'école, de l'arrêt, du reculer, de l'instant même du repos. Les aides nécessaires alors ne diffèrent point de celles auxquelles on doit avoir recours pour l'enlever au galop dans les uns et dans les autres de ces cas (voyez GALOP) ; et celles qu'il faut employer pour le partir de la main au moment où il a été enlevé, sont précisément les mêmes que celles qu'on a dû pratiquer en l'échappant tout-à-coup de cette allure prompte et pressée.

Rien n'est plus remarquable que la différence des effets d'une seule et même leçon dispensée savamment, avec ordre, et avec patience, ou donnée sans connaissance et avec indiscrétion. Les réflexions suivantes seront autant d'aphorismes de cavalerie, d'autant plus utiles sans doute, que l'on ne trouve dans les auteurs qui ont écrit sur notre art aucuns principes médités, et que les écuyers qui ne s'adonnent qu'à la pratique, ne sont pas moins stériles en maximes et en bons raisonnements.

Les courses de vitesse doivent être plus ou moins longues et plus ou moins courtes.

Elles seront longues, relativement aux chevaux qui se retiennent. Si elles étaient courtes, bien loin de les déterminer, elles les retiendraient davantage, ils deviendraient rétifs ou ramingues ; et non seulement ils s'arrêteraient d'eux-mêmes, mais ils s'uniraient bien-tôt au moment où on voudrait les partir, et profiteraient de cet ensemble pour résister et pour desobéir.

Tout cheval qui se retient dans la course doit être chassé avec encore plus de vélocité, et l'on ne doit point l'arrêter qu'il ne se soit déterminé, et qu'il n'ait répondu aux aides ou aux châtiments.

On droit craindre d'échapper avec violence dans les commencements les chevaux éloignés de l'union, ou pour lesquels l'ensemble est un travail, ainsi que ceux qui sont pesans et qui s'abandonnent. Souvent les uns et les autres ne peuvent, pour fuir avec promptitude et avec vélocité, débarrasser leurs jambes surchargées par le poids de leur corps et de leurs épaules ; au moment où ils voudraient s'enlever, ils ressentent une peine extrême, et dans l'instant du partir ils se brouillent et tombent.

Il serait encore dangereux de les arrêter trop tôt, en deux ou trois falcades ou tout d'un trait. Communément ils partent sur les épaules, et non sur les hanches, ainsi ils s'appuient totalement sur la main, qui ne peut supporter ce fardeau, et qui ne saurait assez soutenir l'animal pour empêcher qu'il ne trébuche.

Quant aux chevaux ramingues et paresseux, on ne doit point redouter ces accidents, parce que l'un et l'autre de ces défauts les portent à s'unir ; aussi devons-nous les partir beaucoup plutôt avec rapidité ; nous y sommes même obligés pour leur enseigner à s'échapper comme il faut, et pour leur faire mieux entendre ce que nous exigeons d'eux.

Il en est de même des chevaux mal disciplinés et desobéissants. Il est nécessaire de les échapper librement, et qu'ils fuient avec véhémence quoiqu'ils soient desunis ; ils se défendraient inévitablement si l'on exigeait d'abord un ensemble, qu'ils acquerront d'autant plus facilement dans la suite, que les reins et les parties postérieures de l'animal, astraintes dans la course à de grands mouvements, se dénouent de plus en plus par cet exercice, deviennent plus légers, et parviennent enfin à ce point de souplesse d'où dépend spécialement l'union.

Nombre de chevaux noués en quelque façon, ne relèvent point assez en galopant. L'action de leurs jambes antérieures est accompagnée d'une roideur qui frappe tous les yeux : dans les uns elle ne part que de l'articulation du genou, et non de l'épaule ; et dans les autres elle procede de l'épaule, et l'articulation du genou ne joue point. On eut remédié à ce vice naturel, par un trot d'abord déterminé et délié, et ensuite par un trot uni et exactement soutenu. S'il se trouve joint à celui d'être bas du devant, long de corps, et dur d'esquine, il est inutîle d'espérer de tirer aucun parti de l'animal dans la course de vitesse : la peine qu'il a de se rassembler, l'impossibilité dans laquelle est le devant de répondre à l'effort du derrière, le peu de grâce, de facilité, et de sûreté dans son exécution au galop, doivent nous faire présumer qu'il est encore moins capable d'une allure, dans laquelle le danger d'une chute est plus pressant. Il arrive de plus que ces mêmes chevaux ne parent et ne s'arrêtent jamais du galop. Le derrière arrivant trop subitement sur le devant toujours lent, parce qu'il est embarrassé, les parties de celui-ci se trouvent si pressées, qu'elles ne peuvent se dégager ensemble ; l'animal est donc forcé de passer à l'action du trot pour méditer son arrêt, et souvent encore n'en a-t-il pas le temps, et succombe-t-il malgré lui : or c'est une règle de ne jamais échapper un cheval, s'il n'a la connaissance et la liberté entière du parer ; ainsi à tous égards la leçon du partir de la main ne saurait convenir aux chevaux dont il s'agit.

Ceux qui sont déterminés, mais qui font montre de beaucoup de paresse, doivent être exercés à des courses, plutôt courtes que longues, mais réitérées plusieurs fais. On doit néanmoins faire attention que le partir et le repartir de la main furieusement et coup sur coup, sont contraires à la legereté et à la facilité de la bouche, et suggèrent encore bien des défenses, telles que celles de forcer la main, de refuser de partir, de s'arrêter de soi-même, etc.

Les courses longues et répétées mettent un cheval sur la main et sur les épaules ; elles épuisent encore ses forces, et lui font perdre nécessairement sa résolution : elles sont utiles à celui qui est embarrassé, et dans lequel des mouvements trides dénotent un ensemble naturel. Il est même à propos de lui permettre de s'abandonner un peu, afin qu'il embrasse plus franchement le terrain ; car plus ses membres s'étendront, plus il se développera, et moins il profitera de sa disposition à se trop asseoir pour desobéir.

La rigidité de l'esquine, la jonction trop intime des vertèbres lombaires entr'elles, sont souvent la principale cause de la difficulté que le cheval a de s'unir dans les actions quelconques auxquelles le cavalier veut le porter. Il n'est pas de moyen plus sur d'assouplir cette partie, que celui de le travailler dans des chemins déclives, après quoi on l'y échappe plus ou moins vivement et avec succès.

On ne doit point multiplier les partir de main pour les chevaux fougueux, et qui se portent en-avant avec trop d'ardeur. Les chevaux coleres sont assez enclins par eux-mêmes à l'inquiétude, sans les y inciter par la violence de la course. A l'égard de ceux qui sont timides, paresseux, et flegmatiques, ils se résolvent difficilement à la diligence et à l'effort qu'elle exige ; souvent aussi nous resistent-ils, et reculent-ils plutôt qu'ils n'avancent, lorsque pour les déterminer au moment du départ nous approchons nos jambes.

Il faut, relativement aux lieux, varier les leçons, les échappées, et les arrêts. Un cheval exercé constamment sur le même terrain, obéit communément moins par sentiment que par habitude, et pour peu qu'on lui demande quelque action différente de celle à laquelle il est accoutumé dans telle ou telle portion de ce terrain, il est prêt à se defendre.

Ceux qui consentent trop aisément à l'arrêt, quoique résolus et déterminés, parent souvent d'eux-mêmes, et s'offensent fréquemment les reins et les jarrets.

Un cheval fait doit être rarement échappé : on ne doit l'exercer au partir de main que pour maintenir sa vitesse, et il faut toujours le remettre au petit galop, et l'y finir.

Les chevaux vites et courageux qui ont fait de grandes courses, flageollent ordinairement sur leurs jambes.

La furie de la course précipite dans une fougue extrême le cheval juste à quelque beau manège, elle le rend incapable d'obéissance et de précision, le desunit, le jette sur la main, et falsifie enfin son appui.

Cette leçon est encore d'une véritable inutilité aux chevaux de guerre ; la vitesse leur est en effet moins nécessaire qu'une rapidité médiocre et écoutée, suivie d'une grande franchise de bouche ; car on ne part pas à toute bride pour charger et pour attaquer l'ennemi, autrement les chevaux seraient hors d'haleine avant que les hommes en vinssent aux mains.

On échappe des chevaux, qui falsifient leur galop. Voyez GALOP.

On les part de la main, pour en empêcher les défenses. Voyez FANTAISIE.

ECHAPPER, (Fauconnerie) se dit d'un oiseau qu'on a en main, et qu'on lâche en plaine campagne pour le faire voler aux oiseaux de proie.